Centre Maurice Halbwachs

Les effets capitaux des “petites” ressources. Enquête en milieu populaire immigré aux États-Unis

Aux États-Unis, bien que l’expulsion de masse soit devenue le mot d’ordre de la politique migratoire, la population dite « illégale » est ancrée de longue date au pays. Cette thèse éclaire ce phénomène « par le bas », en analysant comment les immigré·es mexicain·es et centre-américain·es de classes populaires mobilisent leurs ressources matérielles et sociales pour se prémunir d’une précarité statutaire exacerbée, tout en parvenant inégalement à s’installer durablement et à s’adapter à un nouveau pays. L’exploitation de dossiers juridiques d’immigré·es en procédure d’expulsion met d’abord en lumière les différences entre les plus ciblé·es par les politiques d’expulsion et celles et ceux qui parviennent à s’installer durablement. L’enquête ethnographique menée à Oakland, en Californie, permet ensuite de révéler les inégalités internes aux groupes d’immigré·es installé·es de longue date. La thèse montre ainsi toutes les « petites » ressources sociales dont ils et elles disposent, par leur position au pays d’origine, leur statut professionnel et la configuration de leurs groupes d’appartenance aux États-Unis. Ces différences se traduisent dans un accès inégal au travail et au logement, mais façonnent aussi des styles de vie et des manières d’investir la ville divergents selon les individus. Le groupe de pairs dans lequel chacun·e est inséré·e et le capital social qu’il apporte deviennent, au prix d’un travail relationnel permanent, primordiaux, dans un contexte de disparition de toute forme de sécurité salariale ou civique. Le groupe et l’espace urbain constituent alors le cadre dans lequel les primo-arrivant·es reconstruisent leurs visions du monde au pays d’arrivée et se réapproprient des catégories sociales et ethno-raciales leur permettant de s’orienter et de se situer dans ce nouvel espace social.

Supervised by

Composition of the jury

Jean-Yves Authier, professeur de sociologie, Université Lumière Lyon 2 (rapporteur)
Stéphane Beaud, professeur de science politique, Sciences Po Lille (co-directeur)
Martine Court, maîtresse de conférences en sociologie HDR, Université Clermont Auvergne
Sylvain Laurens, directeur d’études, EHESS
Yasmine Siblot, professeure de sociologie, Université Paris 8 (rapportrice)
Sylvie Tissot, professeur de science politique, Université Paris 8 (co-directrice)
Roger Waldinger, professeur de sociologie, University of California Los Angeles

Defence

14/10/2021

15h00

Salle des conférences, 59-61 rue Pouchet, 75017 Paris
Publiée le 2021-09-30 par Webmaster (dernière modification le 2021-09-30)