Centre Maurice Halbwachs

L’héritage impensable

Conscience historique et technologies de l’identité dans la réforme éducative en Suède (1946-1980)

Les réformes qui affectent le système d’enseignement suédois de 1945 à 1980 ont abouti à unifier ses structures et son discours au nom de l’égalité et de l’utilité collective. Le réductionnisme instrumental propre à d’autres champs de la construction de l’État-providence investit alors la sphère de l’accès au savoir : légitimation des méthodes par la science, explication des objectifs, rationalisation des outils de programmation et de formation des agents… Le ralliement de l’école à un « modèle » suédois d’hygiène sociale est ici examiné à travers son impact sur les cadres sociaux de la mémoire culturelle. L’accent est mis sur la manière dont la codification du relativisme et la formalisation d’une approche non biaisée des sujets d’enseignement affectent l’autorité du canon pédagogique, en précipitant sa crise. À cette fin, l’évolution du cadre codifié de l’enseignement de l’histoire, l’évolution vers un programme interdisciplinaire pour les humanités et la structure des manuels scolaires d’histoire, font l’objet d’un suivi systématique.

La seconde partie de l’étude est consacrée à la manière dont la subordination de la relation éducative à l’intérêt social qu’elle est censée servir se construit, paradoxalement, en tant que régime de vérité. Au nom de son statut émancipateur, l’institution scolaire est appelée à investir le terrain de la formation du sentiment individuel de responsabilité – de la vie de couple à l’éducation correcte des enfants. L’injonction de conformité et de discipline que cet enseignement véhicule, oriente la relation maître/élève vers un tiers symbolique immanent : l’actualisation de valeurs « suédoises », ou prétendues telles. Les enjeux imaginaires de l’introduction de méthodes participatives à l’école et de l’accueil des enfants d’immigrés, entre 1970 et 1980, et l’émergence ultérieure de deux impératifs sociaux – le « devoir » des adultes d’influencer les enfants, et le devoir social de « former » les parents – sont examinés dans cette optique.

Composition du jury

M. Patrick Michel (Directeur de thèse), EHESS
M. Donald Broady, Université d’Uppsala
M. Patrick Garcia, Université de Cergy-Pontoise
M. Jean-Philippe Heurtin, Université de Strasbourg
Mme Loredana Sciolla, Université de Turin
M. Christian Topalov, EHESS

Soutenance

02/03/2017

09h00

EHESS – Bâtiment Le France (salles du Conseil A et B / R-1) – 190-198, avenue de France, 75013 Paris
Posted on 19/05/2021 par Administrateur (last update on 27/06/2021)