Centre Maurice Halbwachs

La belle vie. Une ethnographie de l’expérience expatriée des jeunes professionnel·les à Shanghai

Qu’ont en commun à Shanghai un cadre supérieur d’une entreprise multinationale française résidant dans une villa en famille et une jeune stagiaire d’une startup suédoise habitant en colocation ? Même si leurs conditions de mobilité, perspectives professionnelles et niveaux de vie diffèrent, les deux mènent la belle vie. Cette thèse en sociologie et études genre porte sur les transformations de l’expatriation vers les villes globales. L’ethnographie réalisée dans les espaces de coworking et lieux festifs internationaux à Shanghai révèle que les stagiaires et jeunes diplômé·es étranger·es partagent une vie facile et confortable avec les cadres expatriés en famille. Cette expérience commune de la « belle vie » est mise en évidence par contraste avec l’expérience de réalisation de soi des jeunes Chinois·es qui fréquentent le milieu expatrié en quête d’une « vie bonne », simple et authentique. La thèse fait voir comment se maintient l’expérience expatriée dans un contexte marqué par la baisse du nombre de contrats expatriés, l’augmentation du nombre de diplômé·es formé·es à l’étranger et la hausse du coût de la vie. Celle-ci repose sur le travail d’un réseau d’acteurs variés (écoles de commerce, associations d’alumni, diplomatie économique et politique, réseaux d’entraide, organismes privés) qui accompagnent le rajeunissement de la population expatriée en encadrant sa mobilité. Elle dépend d’une gestion de la vie quotidienne organisée autour de la délégation extensive du « sale boulot », principalement pris en charge par les migrant·es venu·es des campagnes chinoises. Elle est ancrée dans des espaces d’entre-soi qui permettent aux jeunes expats de se sentir à l’aise à l’étranger tout en projetant une image de soi cosmopolite. Parce qu’elle ne peut être légitime que si elle est vécue sur un mode d’accélération plaisante difficilement tenable, elle est conditionnée par un séjour temporaire. En examinant comment la belle vie s’est reconfigurée au nouvel âge de l’expatriation, la thèse met en évidence le rôle central de la morale et des plaisirs immédiats dans l’engagement dans le capitalisme mondialisé, offrant ainsi un regard nouveau sur le privilège de s’expatrier.
Mots-clefs : expatriation ; ethnographie ; mode de vie ; morale ; privilège ; ville globale

Direction

Co-direction

Marylène Lieber

Composition du jury

Irene BLOEMRAAD, professeure à l’University of British Columbia (examinatrice)
Bruno COUSIN, professeur associé à Sciences Po (rapporteur)
Delphine GARDEY, professeure ordinaire à l’Université de Genève (présidente)
Marylène LIEBER, professeure ordinaire à l’Université de Genève (codirectrice)
Sophie POCHIC, directrice de recherche au CNRS (codirectrice)
Anne-Catherine WAGNER, professeure à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (rapportrice)

Soutenance

12/12/2024

15h00

CMH, salle P004
Posted on 12/11/2024 par Webmaster (last update on 03/12/2024)