Centre Maurice Halbwachs

La race du marché. Enquête sur les cadres supérieur·es racialisé·es comme asiatiques dans le monde des affaires en France

Fondée sur une enquête de terrain réalisée de 2019 à 2025, mobilisant socio-histoire, observations et entretiens semi-directifs, la thèse porte sur la gestion racialisée des cadres supérieur·es asiatiques au sein des multinationales en France, ainsi que sur l’appropriation de ces formes raciales de gestion par les cadres qui en font l’objet. Dans une perspective constructiviste de la race, la thèse débute par une socio-histoire inédite de la racialisation des « Asiatiques » en France. Celle-ci met au jour la centralité du travail dans la racialisation de ce groupe. Dans un second temps, et à partir d’une ethnographie au sein de multinationales, la thèse documente un mode de dicibilité légitime de la race dans les grandes entreprises internationalisées : le « management interculturel ». Légitimés par le vocabulaire de la gestion et arrimés à la logique de marché, les différents discours et productions sur les « différences culturelles » réinvestissent presque sans exception les tropes racialisants exposés dans le chapitre premier. La thèse montre ensuite que, dans ce contexte, les cadres racialisé·es comme asiatiques font l’objet d’un management racial, leur assignation raciale étant requalifiée par les gestionnaires en « expertise » sur l’Asie, un marché économique « à conquérir », en forte croissance pour de nombreuses multinationales. En retournant le regard et en mobilisant les entretiens semi-directifs effectués auprès des cadres supérieur·es racialisé·es comme asiatiques, la thèse explore ensuite les liens entre socialisation raciale et travail qualifié. Elle montre que le travail peut être appréhendé, d’une part, comme une instance de socialisation aux normes de la blanchité et, d’autre part, comme un lieu d’apprentissage d’un style d’asianité spécifique, compatible avec la raison des affaires. Enfin, la thèse se centre sur la part stratégique et travaillée de l’assignation raciale des cadres supérieur·es perçu·es comme asiatiques, face à la valorisation contingente et gestionnaire de leur assignation raciale. La thèse propose ainsi deux déplacements. Elle révèle, en se centrant sur l’espace des multinationales, les dimensions proprement racialisées du travail en haut de la hiérarchie organisationnelle de ces organisations capitalistes. Conjointement, elle met au jour la centralité du travail dans la construction sociale de la race, qui contribue à (re)produire les frontières raciales et ce qu’elles renferment.

Supervised by

Co-direction

Sarah Mazouz

Composition of the jury

Christelle Avril, EHESS, examinatrice
Laure Bereni, CNRS, co-directrice de thèse
Sophie Bernard, Université Paris Dauphine-PSL, rapportrice
Alban Jacquemart, Université Paris Dauphine-PSL, examinateur
Jeanne Lazarus, CNRS, examinatrice
Sarah Mazouz, CNRS, co-directrice de thèse
Sylvie Monchatre, Université Lumière Lyon 2, rapportrice

Defence

17/11/2025

14h00

ENS-PSL, 48 boulevard Jourdan, salle R2-21
Publiée le 2022-02-11 par Webmaster (dernière modification le 2025-10-28)