Centre Maurice Halbwachs

Les écoliers de première génération : transformations des normes sociales et familiales en Inde rurale face à la scolarisation

Comment l’arrivée de l’école transforme-elle la société ? Alors que la plupart des pays du monde ont connu le passage à la scolarisation de l’ensemble de leur population au cours des deux siècles précédents, cette thèse porte sur les changements sociaux en cours, produits par la généralisation de l’éducation primaire obligatoire en Inde contemporaine. En 2001, l’État indien lance pour la première fois au niveau national un programme d’éducation obligatoire pour tous les enfants âgés de six à quatorze ans. Dix ans plus tard, l’éducation primaire gratuite devient un droit inscrit dans la loi. Avec sa population devenue depuis la première mondiale, et dont une grande partie est restée jusqu’alors en dehors de l’éducation formelle, il s’agit du processus d’alphabétisation le plus massif au monde. A partir d’une ethnographie multi-située de 18 mois, réalisée à différentes périodes entre 2013 et 2019 au sein de familles et d’écoles élémentaires situées dans des zones rurales pauvres et faiblement alphabétisées de l’Inde, dans l’État du Bihar, où plus de la moitié de la population adulte n’est jamais allée à l’école, cette thèse analyse les effets de la scolarisation de la première génération d’enfants à fréquenter l’école primaire. Elle explore les manières et les efforts des familles pour participer ou non à la scolarisation des enfants ainsi que les nouvelles aspirations liées à l’accès à la formation et aux diplômes scolaires. Enfin, elle analyse comment les nouvelles normes promues par l’école s’aménagent et s’articulent avec les représentations collectives qui constituent l’ordre social pré-établi. Elle questionne les façons dont l’école vient modifier les logiques de celui-ci : en se constituant comme lieu d’une nouvelle morale associée aux idées de progrès, d’égalité et de citoyenneté, elle contribue par exemple à remodeler les formes d’attachement des familles pauvres à la société, ou bien encore, en valorisant la discipline, elle transforme le rapport à soi des enfants et la place de l’enfance dans la société.

Direction

Co-direction

Loraine Kennedy

Composition du jury

Loraine Kennedy, Directrice de recherche CNRS, École des Hautes Études en Sciences Sociales - Directrice de thèse
Serge Paugam, Directeur de recherche CNRS, École des Hautes Études en Sciences Sociales - Directeur de thèse
Pierre Périer, Professeur des universités, Université de Rennes 2 - Rapporteur
Raphaël Rousseleau, Professeur des universités, Université de Lausanne - Examinateur
Stéphanie Tawa Lama, Directrice de recherche CNRS, École des Hautes Études en Sciences Sociales - Rapporteure
Florence Weber, Professeure des universités, École Normale Supérieure - Examinatrice

Soutenance

05/12/2023

09h00

École Normale Supérieure, 45 rue d'Ulm, salle Histoire, Paris
Posted on 11/02/2022 par Webmaster (last update on 06/12/2023)