Centre Maurice Halbwachs

« Qui veut affronter un lion doit avoir une lance ». Le Indigenous movement en Tanzanie et les contours de l’ethnicité

"Se você quiser enfrentar um leão, você precisa ter uma lança": O movimento indígena na Tanzânia e os contornos da etnicidade

Cette thèse aborde le mouvement autochtone (indigenous movement) en Tanzanie sous l’angle de la prédominance actuelle des avocats maasaï comme leaders. À travers un travail de terrain de longue durée et une ethnographie détaillée, cette recherche analyse les manières dont ces militants réfléchissent à leur propre métier et se perçoivent les uns les autres : les moralités implicites, les usages circonstanciels des catégories, la contestation (et aussi la reproduction) des modèles de hiérarchie et de pouvoir.
La question de la conservation dans le pays – notamment le modèle de préservation de la nature qui ne permet pas l’implantation humaine dans les parcs nationaux – est l’une des principales motivations pour le travail de ces militants, car elle conduit systématiquement à l’expulsion des communautés locales et à des violations des droits de l’homme. Les parcs nationaux et d’autres zones protégées sont consacrés au tourisme de type safari, l’une des plus importantes sources de revenus pour l’économie nationale.
Dans un contexte où le gouvernement réfute l’existence d’ indigenous peoples dans le pays, alléguant que tous les Tanzaniens sont autochtones, ces militants transitent par des niveaux scalaires chevauchés pour traduire les catégories et les critères internationaux et créer de nouvelles significations locales pour le sens « structurel » de l’indigeneity. Outre les pastoralistes maasaï et barabaig, les chasseurs-cueilleurs hadzabe et akiye sont répertoriés comme des communautés qui s’autodéterminent comme « indigenous peoples » en Tanzanie en raison de leur mode de vie (dépendant de la terre et des ressources naturelles), de leur statut marginalisé dans la société tanzanienne, et de la discrimination dont elles sont victimes.
A partir des notions ‘d’hégémonie’ et ‘d’extraversion’ mobilisées par la littérature sur les Maasaï, cette thèse articule la constitution ethnique de cette société et les expériences coloniales et postcoloniales avec les dynamiques de classification et de déclassification qui circulent au sein même du mouvement. Les catégories et les concepts qui leur sont attribués révèlent des valeurs morales ainsi que des mouvements d’inclusion et d’exclusion, caractéristiques de l’ethnicité.  En ce sens, la relation entre les activistes masaï et hadzabe est privilégiée dans une analyse qui réfléchit sur les asymétries et les hiérarchies qui ordonnent l’activisme institutionnalisé des organisations « autochtones ».

Composition du jury

Benoît de L’Estoile, CNRS, Centre Maurice Halbwachs (directeur de thése).
João Pacheco de Oliveira, PPGAS - Museu Nacional / Universidade Federal do Rio de Janeiro (directeur de thése)
Paula Lopéz Caballero, UNAM (rapporteure)
Peter Fry, IFCS - UFRJ (rapporteur)
Irène Bellier, CNRS - IIAC/LAIOS
James Igoe, University of Virginia
Maria Elvira Díaz Benítez, PPGAS/MN - UFRJ
Euclides Gonçalves, Kaleidoscopio

Soutenance

13/12/2021

15h00

Visioconférence
Posted on 13/12/2021 par Webmaster (last update on 13/12/2021)