Centre Maurice Halbwachs

Faire quelque-chose pour les femmes du quartier : quand des mères migrantes participent à la production des politiques sociales locales

Cette monographie d’un quartier Politique de la Ville au centre d’une métropole européenne, menée depuis les structures locales dédiées aux politiques sociales et familiales, montre comment des mères migrantes, arrivées au début des années 2000, “participent”, s’approprient le dispositif et dans certains cas élaborent des actions de soutien à la parentalité.
Dans ce quartier d’arrivée qui constitue un milieu d’interconnaissance et de réputation, ces mères occupent une position de respectabilité qui passe par leur exercice de la maternité. Elles ont acquis les compétences sociales qui le rendent possible à travers les conditions administratives de la migration, les filières d’installation dans le logement social, les stratégies sociales et familiales en migration.
Une ethnographie minutieuse restitue l’épaisseur qui se loge derrière deux catégories indigènes, “les familles” et “les femmes”, deux pôles normatifs positionnant les mères soit comme “familles” prenant appui sur le travail productif de leur mari, soit comme “femmes” livrées à la décomposition de l’État social, et développant des activités d’entraide qui brouillent les frontières du travail domestique et du care dispensé dans l’espace public. Pour “les femmes”, la participation constitue une réponse aux injonctions activatrices de l’État social décomposé, c’est une opportunité qui fait passer du statut d’assistée à un statut de bénévole, puis, pour les plus entreprenantes, de bénévole à responsable associative.
La thèse explore la figure de “celles qui font quelque chose pour les femmes du quartier”, et propose le concept d’« entrepreneuses de territoires » pour qualifier leur démarche grâce à trois études de cas de responsables associatives en observant les interactions qu’elles mettent en place avec celles qui deviennent “leurs usagères” et avec les responsables politiques. Ces figures sont envisagées comme une cristallisation des processus collectifs décrits pendant la thèse. En tirant parti du brouillage que la scène du quartier instaure entre solidarités privées, care socialisé, engagement citoyen et ciblage politique, ces mères produisent de l’”activité”, qui s’étend du travail gratuit à l’investissement positif d’une appartenance locale, et reconfigurent des solidarités féminines pleines d’ambivalence.

Composition du jury

Marie Cartier, Université de Nantes
Nicolas Duvoux, Université Paris 8
Benoit de l'Etoile, Ecole Normale Supérieure
Claude Martin, Ecole des Hautes études en santé publique
Bénédicte Zimmermann, Ecole des Hautes études en sciences sociales
Asuncion Fresnoza-Flot, Université Libre de Bruxelles
Florence Ihaddadene, Université de Picardie Jules Verne

Soutenance

30/06/2022

14h00

Campus Jourdan, salle Roncayolo
Posted on 30/05/2022 par Webmaster (last update on 04/07/2022)